Le maintien des privilèges ou la reproduction de la société d'ordres
- mrslagueuse
- 3 déc. 2024
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Alors que la Révolution française a sonné le glas des droits seigneuriaux et des nombreux privilèges dont disposaient le clergé et la noblesse, certains efforts semblent ne pas être partagés par les actuels et anciens députés de la République sensés représenter une population majoritairement composée par la classe moyenne et pauvre. Au grand désarroi du premier ministre Michel Barnier qui a récemment demandé l'exemplarité aux députés ainsi qu'aux anciens ministres et premiers ministres en réduisant leur train de vie, une certaine Elisabeth Borne, ancienne première ministre, s'oppose farouchement à cette baisse des frais de fonctionnement, pour continuer à assurer sa sécurité semble-t-il. Par ailleurs, dans ce florilège de privilèges, faut-il rappeler les 5715 € nets que les députés de l'Assemblée Nationale perçoivent ? S'ajoute à cela la carte SNCF en première classe sur tout le réseau national, la carte de transport RATP, une allocation chômage de 3191 € brut mensuel pendant 2 ans, une enveloppe mensuelle de 900 € pour louer un logement ou encore le remboursement de déplacements en avion dans la France. Et bien que je compatisse, ce ne sont pas les gémissements de certains députés qui se plaignent de travailler 297 heures dans le mois qui me feront reconsidérer mes propos. De fait, il n'est pas étonnant que chacun bataille férocement pour maintenir ces privilèges, quitte à faire du clientélisme et à renier ses propres convictions.
N'oublions pas les propos hors-sol de députées de la macronie, Eliane Kremer (députée LR) ou encore de Brigitte Liso (députée LR), qui estiment qu'à 65 ans, hommes et femmes sont suffisamment vigoureux pour travailler, toutes professions confondues semble-t-il puisqu'aucune précision n'a été apportée dans leur propos outrageux. Quel cheminement nous a conduit à placer aux pouvoirs de nombreux députés et ministres qui n'ont aucune considération pour la classe moyenne et pauvre ? La constitution de cette Assemblée Nationale contemporaine n'est pas représentative des milieux populaires. Et pourtant, saviez-vous qu'à ses prémices, l'Assemblée Nationale était composée de députés qui représentaient respectivement trois ordres ? Le clergé, la noblesse, le tiers-état. D'ailleurs, les députés représentant le tiers-état était les plus nombreux. Or, en 2022, seuls 6% des députés étaient des salariés ou des employés, ce qui veut dire que sur 577 élus, seuls 26 employés et 8 ouvriers ont été désignés.
Aujourd'hui les frontières sont brouillées. Qui de gauche ou des extrêmes représentent au mieux l'intérêt du français moyen et pauvre ? Qui de ces députés costumés, du haut de leurs 6615 euros par mois, se soucient de combien nous paieront d'électricité ou d'essence ? J'ai la certitude que l'appel à un rassemblement d'une gauche fourre-tout par de nouvelles compères de circonstances autour d'un projet bancal et opportuniste pour les prochaines élections présidentielles ne fasse qu'entretenir le flou qui entoure la population qu'elle dit représenter. La même qui a appelé à voter pour des députés LR lors des législatives, et qui s'étend du PS au LFI en passant par les écologistes. Comment prouver une cohérence dans ce tohu-bohu ? Des propos confortés par de nombreuses personnes dont un certain Prizren dans les commentaires des colonnes de France Info :
" Et la gauche au sens large du terme ? Il y a des années, la Gauche était avant tout, des partis qui prenaient fait et cause pour la classe ouvrière, la classe moyenne. Et aujourd'hui, pourquoi tous ces électeurs se sont tournés vers le Rassemblement National. Il faudrait peut être que les partis de Gauche se posent les bonnes questions, et se faire une belle auto-critique, même si il y a des vérités qui ne sont peut être pas sympathiques à entendre. Sinon, aucune chance, et le R.N continuera de voir ses rangs gonfler. On ne peut pas se cacher indéfiniment derrière un pseudo front républicain, et prôner à voter contre un projet, plutôt qu'un vote d'adhésion." (Prizren, France Info, 3/12/2024)
Tout ceci est un jeu et les gueux sont ballotés par les flots ravageurs d'ambitions carriéristes et de quelques egos mal placés. Et les privilégiés, peu importe les camps politiques auxquels ils appartiennent, dans lesquels ils virevoltent et se redéfinissent, continuent de jouir de leurs privilèges.
Et ne parlons pas des affaires de népotisme et de clanisme de la part de nos chers politiciens. Ce qui nous vient en tête est, évidemment, l'affaire Pénélope Fillon en 2017. Recrutement en famille - enfant et petits enfants de François Fillon, emplois fictifs, détournement de fonds publics qui se monte à des centaines de milliers d'euros, abus de biens sociaux, rien n'est épargné aux misérables contribuables. Malgré les lois pour la confiance en la vie politique promulguées en 2017, votre chroniqueuse vous assure que les affaires de népotisme médiatisées ne sont que la face visible de l'iceberg. Et ce n'est pas la récente affaire des assistants parlementaires du Rassemblement National au Parlement européen qui nous tranquillisera. Visiblement, les privilèges semblent toucher également le pentagone où Joe Biden, actuel président, a décidé de gracier son fils soupçonné de fraude fiscale et de fausses déclarations d'un montant d'1,4 million de dollars.
Il est temps de mettre fin à ces privilèges. Que ceux et celles qui nous représentent vivent dans les mêmes conditions que les personnes qu'ils gouvernent. Peut-être verrions-nous un changement dans les projets de lois ? Il va sans dire, petits gueux que nous sommes, qu'il y ait peu de chances que nous soyons touchés par ces nombreux privilèges à moins de se travestir en politiciens. Ou alors, peut-être que dans le désordre de ce paysage politique, un nouveau parti loyal, désintéressé, dont l'origine sociale de ses membres est plus en phase avec les milieux populaires et portant sur son dos un projet politique qui ne change guère au gré des tendances et de l'actualité, n'émerge pour représenter la classe moyenne, la classe ouvrière, la classe pauvre soucieuse d'un avenir meilleur pour ses enfants.
Votre dévouée chroniqueuse,
Madame la Gueuse.
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